En Aquitaine, comme partout en France, les populations de serpents régressent.
Des espèces impactées par l'homme depuis toujours
Ces espèces souffrent depuis longtemps de leur mauvaise réputation, liée à une peur profondément ancrée dans notre société occidentale. Elle se transmet de génération en génération, via des mythes et des légendes souvent absurdes (par ici pour plus de détails).
Déjà, par le passé, les écrits anciens relatent de nombreux exploits de "chasseurs de serpents". Aujourd'hui, ces destructions perdurent, relayées par les presses locales, malgré le statut d'espèces protégées dont jouissent la majorité des espèces de France.
La dégradation et la destruction des habitats, une menace plus importante encore
A l'exception de rares espèces ubiquistes, les serpents nécessitent des milieux préservés. Ces animaux à mobilité réduite souffrent beaucoup de la fragmentation qui les pousse à traverser les routes et qui les expose à une forte mortalité.
Un manque d'historique, mais quelques preuves irréfutables de disparition
La rareté des écrits anciens limitent les moyens de comparaison entre les abondances actuelles et passées. Certains textes ne laissent toutefois aucun doute :
· Exemple de la Couleuvre vipérine : à l'échelle nationale, Doré (1989) faisait déjà état d'une régression forte des populations de Couleuvre vipérine dans la partie nord de sa répartition : "abondante au bord de la plupart des rivières de la France centrale et méridionale jusqu'à la fin des années 1950... dans le centre, elle est devenue en quelques décennies, rare et a même disparu de régions entières."
Aujourd'hui, la Couleuvre vipérine a quasiment disparu de la Communauté Urbaine de Bordeaux, et de manière générale, de la plaine alluviale de la Garonne.
· Exemple de la Vipère aspic : Les écrits anciens nous rappellent à quel point l'espèce semblait plus largement répandue par le passé. Lataste (1875) indique : "la Vipère aspic est malheureusement (sic) très répandue dans la Gironde. Elle se tient de préférence sur les collines rocailleuses et boisées de la rive droite et est très rare ou fait même complètement défaut dans les terrains siliceux de la rive gauche. Certaines localités, comme le parc de Benauge, à Cadillac, en sont infestées" ! Granger (1894) rajoute : "elle est surtout commune à Pessac, à Cestas, Villenave-d'Ornon, Cadaujac, Martillac, Cadillac, de Lesparre à la Pointe-de-Grave" et "elle est abondante en Chalosse".
En région Aquitaine, cette régression généralisée s'est traduite sur la Liste Rouge Régionale par des statuts de menace importants. Six des onze reptiles concernés par un statut de menace et quatre des sept reptiles les plus menacés de la région sont des serpents : la Vipère de Seoane a notamment été classée "En Danger", et la Vipère aspic, la Coronelle lisse et la Couleuvre vipérine ont été classées "Vulnérable".
Face ce constat, l'association Cistude Nature s'engage pour aider à la conservation des serpents de la région en lançant le programme "Serpents d'Aquitaine".
Ce programme comporte plusieurs axes de travail qui se résument sous la forme suivante :
- Sensibiliser le grand public
- Sensibiliser le jeune public