Stopper la fragmentation et la destruction des habitats naturels, limiter les diverses sources de pollution... De manière générale, ces mesures de bon sens doivent être systématisées pour limiter les impacts négatifs de l'homme sur l'environnement. Valables pour le Lézard ocellé, elles le sont en fait pour l'ensemble de la biodiversité locale.
Des statuts à modifier ?
Le Lézard ocellé n'est pas inscrit en tant qu'espèce déterminante de la directive habitats (à titre d'exemple, le Lézard des murailles est en annexe 4 !). En France, le Lézard ocellé était protégé par les arrêtés du 24 avril 1979 et du 23 juillet 1993. Ces arrêtés ont depuis été remplacés par l'arrêté du 19 novembre 2007, qui est en fait une transposition du décret européen en loi française. De ce fait, la même anomalie s'observe à nouveau dans la loi française, puisque le Lézard ocellé est répertorié en annexe 3 de cet arrêté (protection intégrale de l'espèce) tandis qu'on retrouve en annexe 2 (protection intégrale de l'espèce... mais aussi de ses habitats) le Lézard des murailles ou le Lézard vert... Il apparaît donc nécessaire de modifier ou d'actualiser ces textes, pour obtenir une certaine homogénéisation.
Mesures de protection adaptées au littoral
Le littoral atlantique des départements de la Gironde et des Landes présente la particularité d'être géré dans une large proportion par l'Office National des Forêts. Cette particularité entraîne une assez grande stabilité des pratiques forestières. Sur le littoral, ces pratiques se caractérisent notamment par le maintien d'une bande boisée appelée "forêt de protection". Cette bande boisée ne participe pas directement à la production de bois, et est laissée à l'état le plus naturel possible : elle joue un rôle tampon qui vise à freiner l'érosion causée par le vent, le sable et le sel. Cette bande boisée propose ainsi une évolution très progressive depuis les zones pleinement boisées (forêt de production) vers les zones ouvertes (dune grise et dune blanche), avec de nombreux abris (rebus d'arbres morts, terriers, etc.).
Limiter le dérangement sur les sites de présence
La pression anthropique et ses pollutions annexes ont très probablement un impact négatif sur les populations de Lézard ocellé du littoral. Il convient donc de diminuer au maximum cette pression par, notamment, des mesures de restriction d'accès.
Attention aux chiens divagants
La problématique des chiens errants et des chiens non tenus en laisse doit être plus sérieusement prise en compte par les gestionnaires, tout du moins sur les secteurs identifiés comme hébergeant d'importantes populations de Lézard ocellé.
Les chiens divagants sont de redoutables prédateurs pour le Lézard ocellé
Mesures globales sur les coteaux secs : Société et paysage, deux notions étroitement liées dont dépend le Lézard ocellé
Inaccessibles pour le travail de la terre et impropres à la mise en place de cultures, les coteaux secs étaient autrefois utilisés pour la viticulture et pour l'élevage, qui maintenaient naturellement ces paysages ouverts. Avec l'intensification des pratiques agricoles et la diminution brutale de l'élevage extensif, ces parcelles ont été totalement abandonnées par les agriculteurs locaux. Aujourd'hui, cette déprise agricole entraîne une dynamique rapide de fermeture des milieux : le paysage actuel est en pleine mutation, et les habitats favorables au Lézard ocellé risquent à terme de se réduire fortement.
Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le Lézard ocellé sont donc étroitement liées aux profonds changements qui ont touché la société durant ces 50 dernières années.
Quelles solutions pour maintenir le milieu ouvert à l'échelle d'un département ?
ORGFH (Orientation Régionale de Gestion et de conservation de la Faune sauvage et de ses Habitats), SCAP (Stratégie de Création d'Aires Protégées), trames vertes et bleues : de manière générale, le Lézard ocellé et ses habitats doivent être systématiquement intégrés dans les politiques départementales de conservation. Plus concrètement, les mesures de protection du Lézard ocellé en Dordogne et Lot-et-Garonne doivent viser la conservation de ses habitats, c'est-à-dire le maintien des milieux ouverts.
Attention ! Certains produits antiparasitaires utilisés dans les élevages d'ovins sont extrêmement nocifs pour la faune invertébré, qui est la principale ressource alimentaire du Lézard ocellé.
Gestion du foncier
Clairement, la conservation sur le long terme du Lézard ocellé passe par une gestion active de la plus grande part possible des territoires concernés par l'espèce, ou tout du moins des secteurs les plus exposés à la déprise agricole. Cette gestion passe par l'acquisition du foncier ou par la mise en place de conventions avec les propriétaires. Ces conventions sont possibles dans le cadre de Natura 2000 notamment et des aides financières existent (de nombreuses sites de présence du Lézard ocellé sont concernés par Natura 2000) et doivent être multipliées dans le futur.
Les acquisitions foncières devront s'orienter vers les secteurs prioritaires : secteurs à fortes densités, situations géographiques stratégiques ou remarquables, etc.
Rappel : Les pelouses sèches, pelouses rupicoles et parcours substeppiques, qui sont les habitats du Lézard ocellé en Dordogne et Lot-et-Garonne, sont des habitats prioritaires de la Directive européenne.