Les chauves-souris livrent quelques secrets

Mammifères volants fascinants, les chauves-souris ont encore bien des secrets à nous livrer. C’est pour cette raison que le réseau d’associations que nous avons rejoint en 2019 se penche sur un certain nombre d’entre elles. Entre observations de terrain et analyses en laboratoire, la connaissance progresse peu à peu.
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6 espèces sont ainsi étudiées par les naturalistes parmi les 27 que compte la Nouvelle-Aquitaine : Minioptère de Schreibers, Rhinolophe euryale, Grand Murin, Petit murin, Grand Rhinolophe et Murin à oreilles échancrées. Ces chauves-souris ont en commun leur caractère cavernicole : ces espèces utilisent le milieu souterrain pendant tout ou partie de leur cycle biologique.. Précieux alliés de l’agriculture et indicateurs des changements globaux, ces mammifères volants font chaque année l’objet de toute l’attention des naturalistes. C’est ainsi qu’en Aquitaine, Cistude Nature réalise une dizaine d’interventions entre avril et septembre. Sur chaque site, salariés et bénévoles se retrouvent le temps d’une soirée pour capturer un maximum d’individus, effectuer quelques prélèvements et les marquer avant de les relâcher. La soirée commence par l’installation des « harp-trap » dans lesquelles les chauves-souris vont se loger en attendant d’être auscultées une à une. Une fois la nuit tombée, chaque individu est alors pesé et mesuré. Après de rapides prélèvements (sang, poils, peau) et l’injection d’une puce qui permet de les individualiser, les petits mammifères retrouvent rapidement leur liberté. L’opération se répète ainsi à de multiples reprises dans l’ensemble de la région. Depuis 2016, 22 000 individus sont ainsi passées dans les mains des experts.

  Que nous apprennent ces données ?

 

Cet été, des Minioptères de Schreiber ont été observés en provenance d’Espagne ©Steve BourneOutre le réseau d’associations qui maillent le territoire pour récolter un maximum de données, le programme rassemble aussi des universités* qui axent leurs recherches sur les chauve-souris. Cette approche croisée associant naturalistes et chercheurs poursuit plusieurs objectifs tant en terme d’écologie des espèces que de virologie ou de génétique. Les scientifiques ont ainsi eu la surprise de constater que le Grand rhinolophe pouvait parcourir 250km sans difficulté alors qu’il était communément admis que ses déplacements se limitaient à environ 50km entre ces sites d’été et ceux utilisés l’hiver. Les analyses génétiques déjà réalisées sur le Grand rhinolophe révèlent quant à elles que tous les individus étudiés font partie d’une seule et même grande population. Un paramètre qui a son importance quand il s’agit de définir des actions de conservation. Un récent article, dont certaines données sont issues des prélèvements réalisés, démontre les adaptations génétiques du système immunitaire chez les chauves-souris leur permettant de lutter efficacement contre les virus.. Et les chauves-souris n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Les scientifiques s’interrogent encore sur les conditions précises des accouplements de certaines espèces ou encore sur l’impact de la structure du paysage sur les déplacements des chauves-souris. Le temps presse pour améliorer ces connaissances car les chiroptères ne dérogent pas à la règle : mieux protéger suppose de mieux connaître. Et les populations ont réduit de moitié en France entre 2006 et 2019.

Vous souhaitez vous joindre à nous pour quelques nuits de captures et prélèvement ? Adressez un mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour information ou inscription (il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes connaissances naturalistes pour se rendre utile).

* Université de Lyon, Centre d’Etudes Biologiques de Chizé, Institut Pasteur notamment

Le programme « Chiroptères cavernicoles prioritaires en Nouvelle-Aquitaine » est porté par France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine. Il est coordonné par Nature Environnement 17 et rassemble de nombreuses associations et partenaires scientifiques. Il reçoit les financements de la DREAL, de la Région Nouvelle-Aquitaine et des fonds européens FEDER. Plus d’infos sur le programme sur https://fne-nouvelleaquitaine.fr/programmes/#chiroptere

 

Pour aller plus loin :

https://vimeo.com/435059221/7a3f18d6ba
https://www.radiofrance.fr/franceinter/pourquoi-les-chauves-souris-porteuses-de-virus-ne-sont-pas-malades-6232880
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35862713/

Bénévolat : mieux connaître les micro-mammifères

DSC02918RVous voulez participer à l'amélioration de la connaissance sur les micro-mammifères ? Vous toquez à la bonne porte ! Nous recherchons :
- de vieilles granges, bâtisses, greniers, clochers, hangars, séchoirs à tabac... susceptibles d'abriter de temps à autre une chouette effraie ;
- des personnes volontaires pour participer à la "récolte" des pelotes de réjection ;
- des personnes volontaires pour apprendre et contribuer à l'analyse des pelotes de réjection.
 
Mais de quoi parlons-nous exactement ? La grange du voisin, le clocher du village, la hangar de l'agriculteur du coin... Savez-vous que ces constructions peuvent nous en dire long sur les espèces de micro-mammmifères fréquentant les environs ? Si, si, si ! Figurez-vous que musaraignes, rats de moissons et autres compagnols font le bonheur des Effraies des clochers qui s'en délectent. Mais si ces rapaces nocturnes avalent tout rond (ou presque) leurs proies, certaines parties restent parfaitement indigestes. Aussi, après quelque temps de digestion, les oiseaux, perchés à l'abri d'une grange ou d'un clocher, régurgigent des "pelotes de réjection". Ces vieilles batisses recèlent ainsi parfois de quantités de pelotes ! Et l'étude de leur contenu révèle de précieux indices pour l'identification des espèces au menu du prédateur.
Recherche et analyse
 
Pourquoi cette démarche ?

Parce que les micromammifères sont particulièrement discrets et difficiles à inventorier par d'autres méthodes ! Aujourd'hui les connaissances disponibles sur ces espèces en Nouvelle-Aquitaine sont assez lacunaires et le réseau France Nature Envionnement Nouvelle-Aquitaine souhaite les développer. Mieux connaître la répartition de ces espèces est une première étape pour une meilleure conservation. Car ces espèces seraient particulièrement sensibles aux activités humaines : traitements pesticides, perte de connectivité, destruction des zones humides, collision routière, sylviculture intensive, agriculture intensive ou encore destruction directe... Elles constituent par ailleurs le régime alimentaire de nombreuses autres espèces et possèdent une place importante dans la chaine alimentaire.
Cistude Nature est en charge de la coordination du programme à l'échelle de l'ex-région Aquitaine.

 

Piloté par France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine, le projet est financé par la DREAL et la Région Nouvelle-Aquitaine. Il est mis en oeuvre en Nouvelle-Aquitaine par Nature Environnement 17, Charente Nature, Deux-Sèvres Nature Environnement, Vienne Nature, Cistude Nature et le Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin.
Vous êtes intéressé.e ? Vous connaissez des sites à pelotes de réjection ou susceptibles d'en présenter ? Envoyez un mail à luc.clement[@]cistude.org (retirer les crochets)

Bénévolat : aidez-nous à inventorier les mulettes

Amateurs de grand air et de promenades en bordure de rivières, nous avons besoin de votre aide ! Pour développer la connaissance des mulettes, moules d’eau douce protégées et témoins de la qualité des cours d’eau, nous cherchons à développer un réseau d’observateurs en ex-aquitaine. Que vous soyez marcheur, pêcheur, kayakiste, participez à notre inventaire : chaque observation est précieuse !

Contactez-nous par mail pour rejoindre le réseau de bénévoles et recevoir toutes les informations utiles : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

RivièreLes cours d’eau de la Nouvelle-Aquitaine abritent de nombreux mollusques aquatiques dont une dizaine d’espèces de mulettes, des bivalves de grande taille. Bonne qualité de l’eau, débit d’eau minimum, continuité écologique : les mulettes sont particulièrement sensibles aux modifications de leurs habitats aquatiques. Ces exigences écologiques en font de véritables indicateurs de la qualité des cours d’eau, au même titre que certains poissons.

Pour autant, mises à part la Grande mulette et la Mulette perlière, de nombreux questionnements subsistent sur la répartition des mulettes en Nouvelle-Aquitaine et les connaissances sont lacunaires.
Fort de ce constat, un projet « Mulettes en Nouvelle-Aquitaine », porté par France Nature Environnement et piloté par Vienne Nature, a vu le jour. Le principal objectif est de mettre en place et d’animer un réseau d’observateurs  répartis en Nouvelle-Aquitaine pour collecter un maximum d’informations. En charge de la coordination des actions menées en ex-Aquitaine, Cistude Nature compte y organiser des prospections sur les secteurs les plus favorables et les moins inventoriés.

Etant donné la densité du réseau hydrographique, nous espérons notamment nous appuyer sur des inventaires participatifs. Attention, certaines espèces de mulettes sont protégées et la collecte de leurs coquilles, même vides, est interdite : avant toute démarche, contactez-nous pour rejoindre le réseau de bénévoles et prendre connaissance des modalités de suivi que nous mettons en place. N’hésitez pas à nous joindre par mail si vous êtes amené à sillonner les rivières de l’ex-aquitaine et que le projet vous intéresse !!!  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Un projet en partenariat avec FNE-NA, l'Agence de l'eau Adour-Garonne, la DREAL et la Région Nouvelle-Aquitaine

Vous souhaitez en apprendre d'avantage sur ces espèces ? Le 25 septembre 2021, Cistude Nature organise sur un site de Gironde une journée de formation sur les mulettes. L'initiation, ouverte à tous, débutera par une session en salle sur la présentation des espèces, leur biologie et leur écologie. L’après-midi, en extérieur, sera consacrée aux techniques d’inventaires avec prospections sur le terrain.
Heure et lieu de rdv (gironde) communiqué à l’inscription

Dans le cadre de ce projet, Cistude Nature organise une journée de formation sur les mulettes destinée à toutes personnes voulant s’initier à la thématique. Cette formation se déroulera le 24 juillet avec la matinée en salle qui sera consacrée à la présentation des espèces de mulettes, leur biologie et leur écologie. L’après-midi sera consacrée à aux techniques d’inventaires avec prospections sur le terrain.

Heure et lieu de rdv communiqué à l’inscription

Aujourd’hui, j’ai vu… un gecko !?

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Oui, c’est possible ! Pour être plus précis, il s’agit de la Tarente de Maurétanie. Et cette information nous intéresse grandement. Avec Bordeaux Métropole, nous assurons un suivi de la colonisation du gecko sur le territoire dans le cadre du plan d'action Biodiver'Cité. Ainsi, chacun est appelé à participer pour faire avancer la science. Comment ? Rien de plus simple ! Si vous vous trouvez nez à nez avec un gecko dans une cTarente01 Rommune de Bordeaux Métropole, prenez-le en photo, notez bien l’adresse précise où vous vous trouvez et envoyez le tout à Cistude Nature par mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou via le formulaire disponible au pied de cet article. Vous pouvez aussi donner quelques informations sur le contexte de votre observation : « derrière un volet », « au pied d’un lampadaire », « dans ma maison », « en haut d’un mur »….

Car la Tarente de Maurétanie est une espèce dite « anthropophile », c’est-à-dire qu’elle s’accommode plutôt bien des aménagements humains. Elle est ainsi souvent observée au cœur même des villes. Si elle sort parfois en journée pour prendre un bain de soleil, l’espèce est principalement nocturne. Elle s’observe ainsi facilement à la nuit tombée près des éclairages, où elle vient se nourrir des insectes volants attirés par la lumière, lors des chaudes nuits d’été.

Un air de méditerranée à Bordeaux

Mais pourquoi le reptile attise-t-il tant la curiosité ? Parce qu’à l’origine, il n’était pas présent chez nous. Il existe quelques rares espèces de geckos en France métropolitaine. Bien connue de l’ensemble du pourtour méditerranéen, la Tarente de Maurétanie est commune depuis la côté catalane jusqu’à la frontière italienne. A la faveur du changement climatique et grâce à ses capacités d’escalade incomparables, le reptile s’installe progressivement dans le sud-ouest de la France. Les trains de marchandises et l’importation d’oliviers - où la Tarente apprécie de déposer ses œufs - sont probablement les principaux vecteurs de son arrivée sur notre territoire.

Les premières mentions de la Tarente de Maurétanie en Nouvelle-Aquitaine datent du milieu des années 90, mais les premières populations - avec reproduction avérées - dateraient plutôt des années 2000. Aujourd’hui, elle est principalement implantée dans le Lot-et-Garonne (Marmande, Agen), et sur l’agglomération bordelaise, mais les observations se multiplient progressivement dans la région.

Plus d’informations sur www.ra-na.fr


Comment différencier la Tarente de Maurétanie et le Lézard des murailles ?

Le Lézard des murailles est l’autre lézard fréquemment observé en ville. Ce petit lézard gris vit généralement dans les vieux murs, dans les interstices de pierre ou de béton. C’est un lézard d’allure classique, de petite taille, avec des pattes munies de doigts longs, fins et griffus.
La Tarente de Maurétanie est un gecko à l’allure massive et trapue, ses doigts sont dotés de sorte de « ventouses » (qui lui permettent par exemple de monter le long d’une vitre à la verticale!), et son œil, à la pupille verticale, trahit ses mœurs nocturnes.
Montage Tarente signé

Le Saviez-vous ? La Tarente émet parfois de petits cris en période de reproduction ou lorsqu’elle est capturée. Un lézard qui parle !

Le Saviez-vous (2) ? On ne dit pas Tarente de Mauritanie mais Tarente de Maurétanie. C’est la Tarente des Maures, la Tarente du pourtour méditerranéen !


Photos : Matthieu Berroneau

 

Le Plan Régional d'Actions en faveur de la Cistude d'Europe est soutenu par :
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