50ème congrès de la SHF : ça urge pour les amphibiens et les reptiles !
Entre les présentations, les posters, les ateliers organisés et les échanges plus informels, on en retiendra plusieurs éléments marquants :
Les populations d’amphibiens et de reptiles n’échappent pas à l’effondrement de la biodiversité : les résultats des suivis protocolés (POP Reptile et POP amphibien) sont éloquents avec 1/3 des espèces d’amphibiens en régression depuis 2008 et près de 60% pour les reptiles depuis 2015. Des suivis de long terme qui font dorénavant l’objet d’une forte attente de la part du ministère1.
Outre un rappel des protocoles sanitaires et mesures de précaution à prendre pour limiter la propagation de la Chytridiomycose, champignon mortel touchant les amphibiens sauvages, la session consacrée à l’état de santé de l’herpétofaune a aussi mis l’accent sur l’ophidiomycose, un autre champignon touchant cette fois les serpents. Arrivant de l’est et déjà observé en Suisse et en Franche-Comté, l’agent pathogène appelle nos spécialistes à la plus grande vigilance lors des manipulations qu’ils peuvent être amenés à faire en Nouvelle-Aquitaine2&3.
Dans ce contexte d’effondrement, les modes de gestion les moins intensifs semblent les plus efficaces comme dans l’exemple des haies reconstituées dans l’ouest de la France et favorables aux lézards et serpents4.
A l’image de ce qui ressort des résultats du programme Sentinelles du climat que Michaël Guillon, coordinateur scientifique, a pu présenter, les études convergent vers une seule et même urgence : protéger les écosystèmes pour garantir une forme de résilience des espèces face aux changements globaux5. Une évidence que les scientifiques n’ont de cesse d’étayer et que le président de la SHF n’a pas manqué de relever dans son discours d’ouverture. Outre une pensée aux militants écologiques en procès , Claude Miaud a ainsi abordé la dualité entre une science sans opinion et des scientifiques au sentiment d’impuissance face à l’inertie des pouvoirs publics pour considérer l’urgence.
On retiendra enfin, une bonne nouvelle : la SHF travaille à la mise en place d’un plan national d’actions en faveur des vipères en France Métropolitaine6 !
Et aussi agréables furent-elles, ces chaudes journées d’octobre en Bretagne auront aussi rappelé à tous que le climat n’attend pas !
NB : l’ensemble des présentations seront prochainement disponibles sur le site internet de la SHF.
2. Découverte de l'ophidiomycose en Franche-Comté : implications en matière de terrain et de captivité • Thibault CUENOT, Alix MICHON, Frédéric MAILLOT, Mélanie BERTHET, Gaëlle BLANVILLAIN
3. Présence d'Ophidiomyces ophidiicola en Suisse : grande variabilité génétique et base écologique de l'agent de la maladie fongique du serpent (SFD) • Nicolas JOUDRIER, Gaëlle BLANVILLAIN, Grégoire MEIER, Joseph HOYT, Maxime CHEVRE, Sylvain DUBEY, Francesco C.ORIGGI, Sylvain URSENBACHER
4. Réponse d’une communauté de squamates face à l’aménagement de microhabitats dans un paysage dégradé de l’ouest de la France • Gaëtan GUILLER
5. Les Sentinelles du climat en Nouvelle-Aquitaine : Quel bilan pour l’herpétofaune et pour quelles perspectives ? • Michaël GUILLON
6. État de conservation des vipères en France métropolitaine : vers un Plan National d'Actions • Laura KOUYOUMDJIAN, Stéphanie THIENPONT, Guillaume KOTWICA, Anne LOMBARDI